vendredi 21 septembre 2012

417 jours.


Voilà maintenant un peu plus d’un an aujourd’hui que j’ai décidé de me passer entièrement de produits animaux. 417 jours de véganisme plus exactement. L’occasion de faire le point sur ce changement majeur dans ma vie et sur ses apports positifs comme négatifs.

Petit flashback sur le Christophe omnivore de l’époque, déjà sensible à la cause animale, mais moralement confus comme la grande majorité des gens.

Je pensais aider les animaux et faire ma part en donnant un peu d’argent à Gaïa et Peta tout en continuant à côté de ça à me goinfrer allégrement de pizzas remplies de haché, fromage et oeufs, à commander des ‘bœuf sauce piquante’ chez le chinois du coin, et à préparer mes tomates mozzarella au four, mon plat favori. J’achetais évidemment des ceintures et portefeuilles en cuir, des pulls en laine, j’allais au cirque avec animaux ou au delphinarium même si ça me mettait mal à l’aise. Tous mes produits étaient testés sur les animaux. J’achetais des œufs « libre parcours » en m’imaginant des poules vivant à l’extérieur jusqu’à la fin de leur vie et du lait de vache partageant son breuvage avec nous et coulant des jours paisibles.

Bref, j’étais un omnivore consciencieux, je croyais à l’exploitation heureuse. Je passais par quelques brefs moments de "flexitarisme", comme si ma conscience tentait de me réveiller, pendant lesquels je ne mangeais pas de steaks par exemple, tout en prenant des sandwichs américain martino à midi.

En réalité, je ne faisais bien évidemment absolument rien de concret pour les animaux. Je finançais allègrement l’exploitation animale, je faisais partie des demandeurs, j’étais la sève de l’arbre. Et je n’avais -jamais- entendu le mot vegan.

Je me suis retrouvé sur la voie du véganisme un peu par accident suite au visionnage d’un clip d’un groupe punk-rock (Rise Against – Ready to Fall, pour les curieux) dans lequel on apercevait furtivement des poussins sur un tapis roulant. Cette scène m’a intrigué car je ne comprenais pas pourquoi ces êtres innocents défilaient sur un tapis roulant.

J’ai alors commencé à faire mes recherches en ligne, découvrant la vérité sur les œufs et les produits laitiers et le problème du végétarisme, pour finalement tomber sur un tract qui m’a littéralement ouvert les yeux sur le problème de l’exploitation animale et sur ma schizophrénie morale.

Le raisonnement était limpide :

Nous prétendons nous soucier sérieusement des
animaux.

Nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il est
immoral d'infliger aux animaux des souffrances ou la
mort lorsque ce n'est ‘pas nécessaire’. Mais
qu'entendons-nous par là?

Quoi qu'il en soit, cela veut dire qu'il est mal de faire
souffrir ou de tuer des animaux simplement parce
que l'on en retire du plaisir, du divertissement, du
confort ou parce que c'est une habitude.

Pourtant, la quasi-totalité de notre utilisation des
animaux – si ce n'est toute notre utilisation - n'est
justifiée par rien d'autre que le plaisir, le
divertissement, le confort ou l'habitude.

La plupart des animaux sont tués pour l’alimentation.
Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture), les humains tuent
environ 53 milliards d'animaux – c'est 53 000 000 000
individus – par an, sans compter les poissons et autres
animaux marins.

Comment pouvons-nous justifier cet abattage?

Nous ne pouvons pas le justifier par des raisons de
santé. Il est clair que les produits animaux ne sont pas
nécessaires aux êtres humains. En fait, de plus en plus de
preuves nous montrent que les produits animaux nuisent
à l'homme.

Nous ne pouvons pas le justifier par le fait que c'est
‘naturel’ parce que les hommes mangent des animaux
depuis des milliers d'années. Le fait de faire quelque
chose depuis longtemps ne signifie pas pour autant que
cela est moralement acceptable. Les humains ont été
racistes et sexistes pendant des siècles. Pourtant, nous
reconnaissons maintenant que le racisme et le sexisme
sont condamnables au plan moral.

Nous ne pouvons pas le justifier par des raisons
écologiques. Un consensus grandissant reconnaît que
l'élevage est un désastre pour l'environnement.

La seule raison que nous avons d’infliger ces souffrances et
morts à 53 milliards d’animaux par an est que nous prenons
plaisir à les manger ; que c’est pratique de les manger ; que
c’est une habitude.

En somme, nous n’avons aucune justification valable.

Vous vous demandez probablement ce que vous pouvez
faire pour abolir l’exploitation animale.

Il y a quelque chose que vous pouvez faire.

Vous pouvez devenir végan. Maintenant. Être vegan
signifie que vous ne mangerez ni n’utiliserez plus de produits
d’origine animale.

Le véganisme n’est pas seulement une question de régime
alimentaire; c’est un engagement politique et moral
en faveur de l’abolition, à l’échelle individuelle et cela
concerne non seulement l’alimentation mais aussi l’habillement,
l’utilisation d’autres produits ainsi que certaines
actions et certains choix personnels.

J’étais -enfin- tombé sur un raisonnement clair et rationnel. Le genre de message qu’on est en droit d’attendre chez toute organisation se souciant un minimum des animaux, ce qui est malheureusement très très loin d’être le cas.

Après m’être renseigné sur la partie santé, je décidais de franchir le cap d’une traite. Omnivore > vegan. Bien entendu, ça m’a demandé un petit temps d’adaptation, le temps de trouver mes marques, mais j’ai arrêté de consommer des produits animaux du jour au lendemain. La volonté d'agir concrètement était présente.

J’ai ensuite pu me rendre compte du véritable fatras qu’était le mouvement pour les droits des animaux, dirigé par des pseudo-organisations de défense des animaux pour lesquelles le véganisme n’est non seulement pas présenté comme la base morale (voir jamais mentionné), comme le minimum qu’on puisse faire pour les animaux mais au contraire comme quelque chose de difficile, comme une étape finale à atteindre. Où le végétarisme est carrément mis sur pied d’égalité dans des slogans ou tracts (végétariens-vegans), où le public est bombardé de campagnes ciblées irrationnelles ne faisant pas mention du véganisme et créant des distinctions morales (non à la fourrure, non à la chasse à la baleine, non aux œufs en batterie), où le « père de la libération animale », Peter Singer, fait la promotion de viande « heureuse » et distribue des prix aux exploitants d’animaux.

Le constat est inquiétant, voir absurde : le véganisme n’est pas la base du mouvement des droits des animaux.

Mis à part ça, la grande "difficulté" du véganisme n’est pas de s’alimenter, de rester en bonne santé ou de trouver des produits non-testés mais bien de vivre dans une société où tout nous rappelle l’horreur. Lorsque vous annoncez votre décision à vos proches, ils vous regarderont en premier temps comme un extra-terrestre pour finir par la « comprendre » sans pour autant changer quoi que ce soit à leurs habitudes. Votre véganisme sera perçu comme une religion, une espèce de choix personnel équivalent à l’omnivorisme. Vous serez le/la spécial(e) de la famille, et devrez de temps en temps supporter les petites blagues et remarques taquines.

Ce qui a été réellement difficile pour ma part, c’était de garder mon calme face à toute cette indifférence, cette irrationalité rationnelle, cette mauvaise foi crasse. Mais il faut garder à l’esprit que nous avons tous été endoctrinés dès notre plus jeune âge et qu’il faut parfois du temps pour ouvrir les yeux et accepter que nous avions tort.

Cela peut malheureusement créer de grandes tensions dans une vie de couple, jusqu’à la rupture comme ce fut mon cas. Avec recul, je pense aujourd’hui qu’il est  possible d’aimer une personne n’ayant pas la même approche concernant les animaux et de partager sa vie avec elle (j’étais persuadé du contraire quand j’ai pris ma décision), même si ce ne sera pas facile. Le nombre de vegans étant infime, il est à mes yeux extrêmement difficile de trouver son « âme sœur » végane et force est de constater que le célibat à vie n’est pas loin si on s’en tient scrupuleusement à ce critère. Moral de l'histoire: faites des bébés vegans.

A côté de ça, il y a bien évidemment de nombreux points positifs, le premier étant à mon sens d’être en phase avec sa conscience. Je me permets de citer Gary Francione :

« Le véganisme est-il un sacrifice ? Non, pas du tout. Au contraire, chaque choix non-végan sacrifie nos propres valeurs inhérentes. Une fois que vous avez pris la décision de vivre constamment avec vos valeurs, la récompense - dans la forme d'un corps sain, d'un esprit clair et d'une conscience plus tranquille- sera à la fois profondément apparente et une source de joie permanente. »

Le deuxième point positif important est une santé retrouvée (personnellement ça s’est surtout traduit en perte de poids et par la fin de mes migraines récurrentes) et les chances réduites de développer des maladies graves. Cerise sur le gâteau, notre empreinte écologique s’en trouve également drastiquement réduite.

Et bien entendu il y la rencontre de personnes formidables et engagées partageant la même approche des droits des animaux ; le bonheur de pouvoir regarder un animal dans les yeux et de se dire qu’on ne participe plus à ce véritable holocauste innommable et permanent.

417 jours. Je n'ose pas imaginer le nombre d'animaux tués pendant cette période, sachant qu'environ 140.000 animaux innocents ont étés abattus le temps que je tape cette phrase sur mon clavier, après avoir vécu une vie misérable, réduits en esclavage et séparés de leurs petits, juste pour notre plaisir gustatif ou esthétique.