mardi 29 novembre 2011

Antispécisme + spécisme = love ?

(Si vous ne savez pas ce qu’est l’anti-spécisme, je vous redirige vers l’excellent article de L’Elfe : L'anti-spécisme pour les nuls )

« 1939. Dans une Allemagne nazie.

Friedrich, 30 ans, et Lorelei, 25 ans, sont amoureux et vivent ensemble depuis bientôt 5 ans à Berlin.

Ils ont tous les deux grandi dans des familles antisémites et ont, comme beaucoup d’allemands à cette époque, développé un fort sentiment de haine contre les juifs. Friedrich n’est pas aussi radical que d’autres membres de sa famille mais se sent malgré tout bien dans ce milieu et ne l’a jamais réellement remis en question. Il finance d’ailleurs régulièrement le parti national socialiste, il se rend à des congrès nazis, le portrait d’Adolf Hitler trône fièrement dans son salon, comme bon nombre d’autres allemands. Friedrich est antisémite. C’est "normal" à cette époque en Allemagne.

Un jour, alors qu’il est en difficulté avec sa voiture, un homme lui vient en aide. Le courant passe bien et les deux hommes se lient rapidement d’amitié. Ils décident d’aller boire un verre dans un bar. La discussion est chaleureuse, les sujets variés, sport, voyage, art.. Ils ont beaucoup de points en commun. Friedrich  considère cet homme comme quelqu’un de formidable. Mais cet homme a un secret que Friedrich ignore : sa mère est juive.

Lorsque Friedrich finit par l’apprendre, il est dévasté et furieux. Il se sent trahi et honteux de s’être lié d’amitié avec cet homme et de lui avoir confié des choses personnelles.

Il n’en dort pas de la nuit et se met à réfléchir : à réfléchir sur ce qu’on lui a appris, sur ce rejet de l’étranger, sur ce que la société nazie lui a mis dans le crâne, sur cette haine de l’autre qui lui a été inculquée depuis son enfance, sur les valeurs qui lui ont été transmises.

Le lendemain, sa vision du monde a radicalement changé : il ne veut plus jamais voir les juifs comme des personnes inférieures mais bien comme des humains comme les autres, qui méritent le respect comme tout autre être humain, qui ont le droit de vivre, des humains comme lui et comme Lorelei.

Il se confie à sa bien-aimée et lui fait part de sa décision. Lorelei, très amoureuse de Friedrich, arrive à comprendre pourquoi il pense maintenant de la sorte mais lui fait néanmoins savoir que la vie est ainsi faite, que ce n’est pas son combat et qu’il n’est pas question qu’elle arrête de cautionner le national-socialisme et Hitler. Elle pourrait éventuellement envisager d’un peu moins s’impliquer, de diminuer son financement, mais le supprimer totalement serait trop dur à vivre dans cette société nazie. Sa vie serait bouleversée. Qu’est-ce que ses amies pourraient dire ? … Et si ils ont un enfant ? Il faudrait quand-même bien lui inculquer les vraies valeurs familiales, celles dans lesquelles ils ont grandi tous les deux. C’est ce qui se fait depuis longtemps. Ca a toujours été comme ça.

Friedrich est déboussolé, il ne sait pas si il pourra continuer à vivre dans ce milieu antisémite… certainement pas chez lui, pas dans sa propre maison. Les conflits avec Lorelei sur la question se font de plus en plus nombreux. Elle trouve que Friedrich est devenu extrême dans ses convictions. Ce n’était déjà pas facile avant à cause de certains de ses gros défauts. Il ne veut plus regarder les allocutions politiques national-socialistes à la télévision, il hait le portrait d’Hitler qui trône dans le salon, il n’achète plus de journaux antisémites, il a cessé tout financement aux partis. Il refuserait même de mettre son enfant dans une école nazie comme tous les autres enfants.


Il ne supporte plus les traitements réservés aux juifs. Elle le trouve obnubilé avec ça.

Après quelques mois, ils sont forcés de réaliser qu’ils ne peuvent plus vivre ensemble, leurs idées sont trop éloignées. Friedrich persiste à refuser toute trace d’antisémitisme dans sa demeure et ça en devient insupportable pour Lorelei. Elle trouve que Friedrich n’est plus quelqu’un de normal dans cette société nazie.

Friedrich aime pourtant profondément Lorelei, il comprend qu’on puisse ne pas avoir la force de rejeter l’antisémitisme comme cela, comme il l’a décidé; dans cette société, cela peut être perçu comme ridicule, comme extrême, on peut être marginalisé… Mais malgré tout il ne peut se résoudre à continuer de voir cela chez lui et pire, à éduquer son futur enfant de la sorte. La fissure est profonde entre leurs mondes respectifs.

Aujourd’hui, Friedrich et Lorelei se séparent et vendent leur maison, qu’ils venaient d’acheter il y a quelques mois. Leur entourage est surpris et ne comprend pas du tout Friedrich, sa famille non plus. Friedrich a tellement changé en si peu de temps. Et dans cette Allemagne nazie, très peu de monde le comprend.

2011. Quelque part en Europe.

Luc, 30 ans et Julie, 25ans, sont amoureux et vivent ensemble depuis bientôt 5 ans.

Ils ont tous les deux grandi dans des familles spécistes …


… Aujourd’hui, Luc et Julie se séparent et vendent leur maison, qu’ils venaient d’acheter il y a quelques mois. Leur entourage est surpris et ne comprend pas du tout Luc, sa famille non plus. Luc a tellement changé en si peu de temps. Et dans cette société spéciste, très peu de monde le comprend. »


A travers cette petite histoire, j’ai voulu poser la question : est-ce qu’un antispéciste peut avoir une relation amoureuse sérieuse avec une personne spéciste ? Pourraient-ils fonder une famille et vivre heureux ensemble ?

La question peut sembler idiote et pourtant... Les couples végétariens-non vg sont assez courants dans le milieu des droits des animaux, végétaliens-non vg également, vegan-non vg : pourquoi pas après tout ? A partir du moment où la personne plus sensible aux animaux n’ « impose » pas (je n’aime pas ce terme mais bon) sa vision des choses à son entourage, cela peut fonctionner.

Certains vg continuent à préparer des plats non-vg à leur moitié et arrivent à faire abstraction du morceau de viande/œuf/fromage devant eux pendant qu’ils cuisinent, ce qui n’est pourtant pas facile ; les images d’horreur peuvent défiler devant soi à la simple vue de certains « ingrédients ».

Mais dès qu’on parle d’antispécisme, la donne change.. On peut déjà éliminer les végétariens et les végétaliens de l’équation : les végétariens restent (peut-être sans le savoir) spécistes car ils continuent de cautionner l’esclavagisme des vaches laitières, des poules, etc.. ils n’ont pas été jusqu’au bout du raisonnement en matière des droits des animaux et acceptent que les animaux soient considérés comme des marchandises et non comme des personnes. Idem pour les végétaliens si on se réfère à la définition du mot : le végétalisme (et le végétarisme) n’est après tout qu’une pratique alimentaire et on pourrait très bien imaginer un végétarien/végétalien dans un zoo ou avec une veste en cuir. Donc il est tout à fait plausible que deux personnes spécistes (dont une végétarienne/végétalienne) vivent amoureusement ensemble et élèvent leurs enfants de la sorte.

Le veganisme se rapproche beaucoup plus de l’antispécisme ; il y a de grandes chances qu’une personne vegan soit antispéciste et je pars ici du principe que c’est le cas (mais il y a bel et bien des vegans spécistes).

Est-ce qu’un vegan peut réellement vivre en harmonie avec une personne non-vegan (et forcément spéciste) et fonder une relation sérieuse? Il paraît que oui, que c’est faisable. Que par amour on peut ne pas tenir compte du spécisme de son/sa conjoint(e).
Pourtant, pour peu qu’on soit sérieux par rapport à ses valeurs fondamentales, j’ai vraiment du mal à imaginer la chose. Comme j’ai beaucoup de mal à imaginer que Friedrich aurait pu continuer à vivre avec Lorelei dans ce milieu antisémite.

Oui un antispéciste peut vivre avec une personne spéciste. Mais à quel prix pour son intégrité ? Friedrich aurait certes pu continuer à vivre avec Lorelei dans ce milieu antisémite, à élever son enfant de la sorte, l’inscrire dans une école nazie.
Mais est-ce que l’amour vaut plus que tout cela ? Est-ce que l’amour doit passer avant des valeurs fondamentales de justice ? avant ses convictions les plus profondes ? Est-ce que Friedrich devait choisir entre Lorelei et les juifs ? Non. Il devait choisir entre Lorelei et ses nouvelles valeurs fondamentales.

Vivre dans un société spéciste quand on est vegan n’est déjà pas facile en soi. Mais entretenir ce spécisme chez soi et élever son enfant de la sorte requiert que l’on refoule ses valeurs fondamentales au plus profond de soi et qu’on soit alors tout simplement quelqu’un d’autre.

Est-ce qu’une personne fondamentalement contre le racisme peut fonder un foyer avec une personne raciste ? même si c'est seulement envers les asiatiques ?
Est-ce qu’une personne fondamentalement contre l’hétérosexisme peut fonder un foyer avec une personne homophobe ?
Est-ce qu’une personne fondamentalement contre le spécisme peut fonder un foyer avec une personne spéciste ?

Ces 3 questions ont un dénominateur commun : la violence. Est-ce qu’une personne fondamentalement contre la violence peut fonder un foyer avec une personne qui cautionne la violence, sous quelque forme que ce soit ?

Le racisme, l’hétérosexisme, le spécisme sont toutes des formes de violence qu’il est important de rejeter.

Est-ce que le spécisme doit être mis de côté et doit être moins pris au sérieux que d’autres formes de violence parce qu’il concerne « seulement » les animaux ? Si une personne pense que oui, elle est forcément spéciste elle-même. On ne peut se déclarer antispéciste et penser que la violence faite aux animaux nonhumains est moins importante que celle faite aux humains, et peut être mise sur le côté.

Friedrich aurait pu fonder une famille avec Lorelei et aurait pu militer contre l’antisémitisme juste dans son coin. Mais est-ce choquant qu’ils aient fait ce choix de se séparer ? 

Est-ce que Friedrich est à blâmer pour ses convictions profondes, parce qu'il ne supportait plus cette violence chez lui ? non. 
Est-ce que Lorelei est à blâmer parce qu'elle est née et vivait dans une société antisémite ? non. 

Mais je reste persuadé que l’un des deux aurait été profondément malheureux en voyant son enfant faire le salut hitlérien.

"Pour ces créatures, tous les humains sont des nazis..." -Isaac Bashevis Singer 

lundi 28 novembre 2011

[Traduction] Qu'est-ce qui ne va pas avec le végétarisme ?

(Traduction de l'essai de Dan Cudahy, avec son accord, "What is wrong with vegetarianism")

Qu’est-ce qui ne va pas avec le végétarisme ?

Le mot « végétarien » fut introduit durant la moitié du 19e siècle. Depuis lors, il décrit une personne qui exclut la chair des mammifères, oiseaux et poissons de son régime alimentaire, mais inclut d’autres produits provenant des mammifères et oiseaux ; plus particulièrement le lait maternel des vaches et les œufs de poules. Dans cet essai, quand j’utiliserai le mot « végétarien » ou « végétarisme », je parlerai d’une personne (ou pratique) qui inclut des produits laitiers et des œufs dans son régime alimentaire.

Par contraste avec les végétariens, les vegans excluent tous les produits animaux de leur régime alimentaire. En plus, les vegans n’utilisent pas d’animaux comme ressource ou marchandises (par ex. : ils n’exploitent pas les animaux) pour quelque raison que ce soit (habillement, divertissement, ou par profit ou gain de quelque manière que ce soit (peu importe si c’est « humain »). Essentiellement, les vegans laissent les animaux tranquilles, excepté quand il s’agit de sauvetage de victimes de l’agriculture animale, de l’industrie des « animaux de compagnie », et autres formes d’exploitation qui leur sont imposées par les hommes.

Les problèmes moraux du végétarisme.

Beaucoup de personnes sont végétariennes par raisons éthiques. Elles sont contre le traitement qu’on inflige aux animaux dans l’agriculture ou contre leur abattage intentionnel, ou les deux. Paradoxalement, malgré leurs objections au traitement ou à l’abattage intentionnel des animaux, elles continuent de consommer des produits laitiers et œufs, qui, comme nous le verront plus bas, contribuent certainement plus à la souffrance et sans doute tout autant à l’abattage intentionnel des animaux que la consommation de produits carnés. En fait, dans la mesure où un végétarien remplace les calories de la viande par les calories des produits laitiers et œufs, le végétarien a augmenté son ou sa contribution à la souffrance animale.

Les œufs « plein air »

Considérons la vie des poules vivant en « plein air ». Les producteurs d’œufs « plein air » achètent généralement des poules pondeuses des mêmes couvoirs que les producteurs d’œufs traditionnels. La moitié des poussins nés dans les couvoirs sont des mâles dont on « se sépare » souvent de manière cruelle, cela inclut d’être jetés vivants dans des machines qui broient leurs corps ou dans des sacs poubelles et/ou de grandes bennes à ordure où soit ils meurent de faim soit suffoquent jusqu’à ce que mort s’en suive. En outre, puisque les « poules pondeuses » ne sont plus assez productives après 2 ans, elles sont envoyées à l’abattoir à ce moment-là. L’industrie des œufs « plein air » s’appuie fortement sur une routine d’abattage en masse d’animaux pour être économiquement viable.

La vie des poules pondeuses « plein air » avant leur abattage est généralement un enfer sur terre. Le label « plein air » veut seulement dire que les oiseaux peuvent avoir certains accès à l’extérieur, même si c’est une fraction minuscule de l’espace du grand hangar dans lequel ils vivent. A cause de la surpopulation intense dans ces hangars, et parce que les oiseaux sont des animaux sociaux qui ont littéralement un ordre hiérarchique, leurs becs sensibles sont tranchés à l’aide d’une lame ébouillantée (pour cautériser le flux sanguin) afin qu’ils ne puissent pas se blesser en essayant d’établir un ordre hiérarchique impossible dans de telles conditions de surpopulation. 

Les conditions de vie dans un établissement « plein air » classique incluent de la crasse avec des sols remplis d’excréments sur lesquels les poules vivent ainsi qu’une qualité de l’air extrêmement mauvaise à cause du manque de ventilation.

Au-delà de ces conditions de vie difficiles, les poules ont été génétiquement manipulées pour être extrêmement productives dans la ponte d’œufs, ce qui a pour résultat qu’elles sont en moins bonne santé que les poules traditionnelles. Leur santé fragile est largement due au fait que les poules qui ne sont pas exploitées mangent la plupart de leurs œufs (dans des conditions naturelles, seule une petite portion des œufs arrivent à l’éclosion) afin de récupérer les nutriments qu’elles perdent dans les œufs qu’elles produisent. Quand on leur prend leurs œufs, elles perdent alors cette possibilité. Génétiquement modifiées, les poules pondeuses intensives perdent encore plus de nutriments et finissent en pire santé car elles produisent plus d’œufs pour les humains que les poules traditionnelles.

La production d’œuf des poules est à son sommet lorsqu’elles ont plus ou moins 7 mois et diminue nettement à plus ou moins 15 mois. Pour obtenir 6 mois supplémentaires de ponte, les producteurs « plein air » vont alors utiliser une pratique appelée « mue forcée » pour imiter les conditions d’une transition hiver-printemps. Durant la « mue forcée », on affame les poules durant plusieurs jours (jusqu’à 14 jours) et on estompe la lumière dans les hangars. Les poules peuvent perdre jusqu’à 30% de leur poids durant ce processus de famine et certaines poules plus faibles –déjà en malnutrition de pas pouvoir consommer leurs propres œufs- finissent par mourir. Plusieurs semaines après la fin de la « mue forcée », la production retourne à un niveau normal.

Après que les poules « plein air » soient « usées », condition dans laquelle elles ne peuvent plus produire d’œufs à un rythme économiquement viable et lorsque leur santé s’est considérablement détériorée à cause des conditions de vie misérables et à l’impossibilité de récupérer leurs nutriments, elles sont transportées à l’abattoir. Le transport et l’abattage peuvent tous les deux être la pire cruauté que les poules aient jamais connues. Elles sont très fragiles, de même que leurs os, du fait d’avoir tant donné sans pouvoir récupérer. Quand on les manipule brutalement pour le transport et l’abattage, leurs os se brisent souvent. Par ailleurs, les poules pondeuses ne sont généralement pas utilisées pour la consommation humaine ; leur viande est souvent de très pauvre qualité à cause de leur mauvaise santé. 

Les poules « plein air » finissent dans les mêmes abattoirs que tout autre poulet où elles sont souvent torturées intentionnellement, jetées contre les murs ou piétinées, par des travailleurs frustrés par les mauvaises conditions de travail et le salaire trop bas. Même si les poules « plein air » ne sont pas intentionnellement torturées, certaines résistent au bain électrique « étourdissant » et à l’égorgeur (en tentant de se débattre attachées par des fers la tête en bas) et à la place sont ébouillantées vivant dans le réservoir dé-plumeur (échaudage).

La production d’œufs commercialement viable, peu importe le label (« plein air », « au sol », ou « bio »), est extrêmement cruelle envers les poules. Comme mentionné plus haut, les poules qui ne sont pas exploitées mangent la plupart de leurs œufs comme moyen naturel de récupérer la plupart des nutriments qu’elles perdent par la ponte. Même si on imaginait les meilleures conditions imaginables, comme un sanctuaire ou dans la nature, prendre leurs œufs est mauvais pour leur santé et c’est de l’exploitation. Quand on additionne les conditions de vie extrêmement cruelles que les poules pondeuses endurent à l’abattage de masse qui est requis pour que la production reste économiquement viable, la consommation d’œufs n’a tout simplement aucun sens pour toute personne concernée par le traitement ou l’abattage des animaux.[1]

Le lait « bio »

Tous comme les humains et autres mammifères, les vaches doivent être enceinte pour produire du lait. Les vaches laitières « bio » sont ainsi maintes fois inséminées, la plupart du temps à l’aide d’une machine appelée « support à viol », soit artificiellement soit par un taureau. Les vaches devraient normalement vivre 20 ans, mais à cause de la réalité économique des industries laitières « bio », elles sont généralement abattues après 5 ans lorsqu’elles perdent la capacité de produire des quantités de lait économiquement viable. Pendant cette courte vie de 5 ans, elles sont enceintes plus ou moins 9 mois sur 18 à 24 et donnent naissance à un veau 2 ou 3 fois. Certains veaux femelles finiront par remplacer leur mère et grand-mère comme vache laitière. Cependant, la plupart des veaux des producteurs laitiers « bio » sont enlevés à leurs mères –qui souvent pleurent intensivement leur perte- et vendus à l’industrie du veau. Bien qu’on permette à certaines vaches laitières « bio » de paître une partie de l’année, beaucoup de vaches « bio » ne voient jamais la lumière du soleil avant d’être transportées à l’abattoir.

Tout comme les poules pondeuses « plein air », les vaches « bio » et leurs veaux sont transportées et abattues de la même manière que tout autre vache ou bœuf. Souvent, elles sont confinées des jours de transport dans un semi-remorque, et parfois dans des conditions climatiques extrêmement chaudes ou froides. Parce qu’elles sont épuisées d’avoir tellement produit de lait et du aux manipulations génétiques visant à maximiser cette production, elles sont souvent bien plus faibles que les « bœufs d’élevage » lorsqu’elles arrivent à l’abattoir. En effet, la plupart des « infirmes »  - vaches trop faibles pour même marcher – sont des vaches laitières, dont des vaches laitières « bio ». Lorsqu’elles arrivent à l’abattoir, les « infirmes » sont souvent cruellement aiguillonnées à l’aide d’outils électriques et/ou transportées à l’aide de bulldozers vers l’abattage, comme on l’a vu plus tôt cette année à la télévision nationale dans des reportages d’infiltration fournis par l’HSUS. 

L’abattage peut être une expérience horrible inimaginable et terrifiante. Bien que les vaches et bœufs soient supposés être « étourdis » à l’aide d’un pistolet à vis dans le crâne, cela peut être difficile à réussir pour l’ouvrier, surtout avec le rythme rapide auquel les animaux arrivent. Cela peut avoir comme conséquence des animaux complètement conscients lorsqu’ils sont enchaînés, hissés la tête en bas, et égorgés. Du fait que les vaches et les bœufs qui n’ont pas été correctement étourdis se débattent lorsqu’ils arrivent à la partie égorgement, les ouvriers ratent parfois l’égorgement ou la taillade n’est pas suffisante pour les tuer. A cause de la pression de la production pour garder le rythme, ces vaches et bœufs arriveront parfois en vie à la dépeceuse.

La production de lait bio économiquement viable, peu importe le label, est extrêmement cruelle pour les vaches et les veaux et requiert un abattage de masse. Les vaches laitières « bio » sont physiquement et psychologiquement détruites au moment d’arriver à l’abattoir, ce qui peut en soi être une histoire d’horreur inimaginable. Consommer des produits laitiers « bio » -lait, fromage, glace, fromage à la crème, crème- n’a tout simplement aucun sens pour toute personne concernée par le traitement et l’abattage des animaux.

L’immoralité de l’institution de l’exploitation animale.

L’exploitation animale, parce qu’elle exploite les animaux comme propriété, est de l’esclavagisme pur et simple. Les exploitants d’animaux possèdent et contrôlent totalement les animaux en tant que propriétés, ressources, et produits et toute « restriction » sur le comportement du propriétaire du bien sont uniquement là pour l’exploitation efficace des animaux en tant que marchandises. Nous n’approuvons pas l’esclavagisme humain, peu importe si un esclavagiste traite son ou ses esclaves « humainement » ou « gentiment ». Nous rejetons l’institution de l’esclavagisme sous toutes ses formes parce que l’institution en soi est immorale. L’institution en soi est immorale parce qu’elle réduit systématiquement et forcément ses sujets à de simples objets existant uniquement pour satisfaire les fins de quelqu’un ; n’accorde aucune protection aux exploités excepté ce qui est jugé nécessaire pour une exploitation efficace des marchandises ; et réduit forcément des êtres sentients avec des vies émotives, des désirs, et aversions à un statut de choses – comme s’ils étaient des brocolis insensibles, du maïs, des rochers ou des arbres.

L’institution de l’exploitation animale (ex : l’esclavagisme) est un angle mort moral dans notre culture, tout comme l’esclavagisme humain l’était il y a 160 ans en Amérique. Nous devons examiner et questionner nos préjugés culturels tout comme les américains au 19e siècle devaient examiner les leurs.

Si nous sommes moralement opposés à l’institution de l’exploitation animale et la cruauté et injustice flagrante qui en découlent forcément, comme toute personne décente consciente des faits inclus dans cet essai devrait l’être (sans mentionner les faits d’autre exploitation qui n’ont pas été évoqués ici), notre base morale doit être le veganisme.

[1] Pour en savoir plus sur les poules pondeuses plein air « usées », rendez-vous sur le site de Peaceful Prairie Sanctuary : le visage de l’exploitation plein-air.


Dan Cudahy

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Pour quelques photos de l'industrie laitière (pas de gore, pas de sang), visitez ce site