mardi 27 décembre 2011

[Traduction] A propos des vidéos sur la cruauté.

(Traduction de l'essai de Dan Cudahy, avec son accord, "On Cruelty Videos")

 


Au moins quelque fois chaque année, une organisation de bien-être animal sponsorise un reportage d’infiltration et génère une « vidéo sur la cruauté » montrant la torture qu’endurent divers nonhumains innocents dans les abattoirs, les opérations de nourrissage, laboratoires, rodéos, zoos, cirques et divers autres endroit d’utilisation animale. J’ai discuté d’un cas classique de reportage d’infiltration et de vidéo en résultant dans un post intitulé PETA’sUndercover Investigations: Another Example of the Welfarist Business Cycle.

Comme je l’ai fait remarquer dans ce post sur l’investigation de PETA, les reportages d’infiltration (et les vidéos en rapport avec la cruauté) ne semblent pas problématiques d’un point de vue des droits des animaux. Après tout, des organisations des droits de l’homme enquêtent, rapportent et promeuvent régulièrement des vidéos dépeignant de graves souffrances humaines pour attirer l’attention du public sur un problème et recueillir l’appui politique pour mettre fin à ce genre d’abus. Cependant, lorsque des organisations des droits de l’homme dépeignent la cruauté envers les humains, elles envoient un message univoque que les violations des droits – esclavagisme, exploitation, et abattage – sont mauvaises et devraient cesser.

En contraste, les organisations de bien-être animal (PETA, HSUS, etc) contestent seulement sur la manière dont l’esclavagisme, l’exploitation et l’abattage sont réalisés. Elles ne s’opposent pas à l’esclavagisme, l’exploitation et l’abattage dispensable en soi. L’appel à l’action des organisations de bien-être animal est pour que le spectateur envoie un don à l’organisation et habituellement une lettre à un dirigeant de l’industrie ou au responsable gouvernemental soit pour faire respecter les règlements existant soit pour adopter de nouveaux règlements ou méthodes.

En contraste avec une organisation de bien-être animal (comme PETA, HSUS, Mercy for Animals, etc), une organisation des droits des animaux pourrait montrer la vidéo ; mais si elle le faisait, le message serait premièrement que toutes les institutions de l’utilisation des animaux sont dispensables et malfaisantes, et donc mauvaises et devraient cesser ; deuxièmement, que les spectateurs devraient donc devenir vegan comme norme minimale de décence ; troisièmement, comment devenir vegan en fournissant des informations sur des recettes véganes et sur la nutrition (peut-être sous forme de liens internet vers diverses sources d’information) ; et quatrièmement, de peut-être considérer un don pour aider notre travail d’éducation végane au public.

Les vidéos sur la cruauté sont considérées comme essentielles pour les partisans du bien-être animal parce que c’est contre le traitement, pas l’utilisation dispensable, que les organisations de bien-être s’opposent. Les vidéos de cruauté ne sont pas essentielles, et peut-être même préjudiciables, pour une organisation des droits des animaux parce que c’est contre l’utilisation dispensable en soi  qu’elle s’oppose. La raison pour laquelle les vidéos de cruauté peuvent être préjudiciables à la mission d’une organisation des droits des animaux est que ce genre de vidéos se concentrent intrinsèquement sur le traitement, pas l’utilisation, même si le traitement cruel est un symptôme inévitable de la maladie de l’utilisation. En se concentrant sur le traitement, ce genre de vidéos ne suggèrent pas que l’utilisation devrait être abolie, mais qu’elle devrait être réglementée.

Vu que les vidéos sur la cruauté se concentrent sur le traitement au lieu de l’utilisation, la question se pose de savoir si il est jamais approprié pour une organisation des droits des animaux ou pour ses partisans d’utiliser des vidéos sur la cruauté dans l’éducation végane. D’un côté, le professeur Gary L. Francione fournit de bonnes raisons de constamment éviter ces vidéos dans l’éducation végane. D’un autre côté, beaucoup de personnes sont devenues vegan suite à l’impact émotionnel que ce genre de vidéos peut fournir. Certains de ces vegans sont plus tard devenus des vegans abolitionnistes après avoir entendu ou lu les preuves solides et les arguments convaincants soutenant l’approche abolitionniste.

Est-ce que l’impact émotionnel des vidéos sur la cruauté est assez fort et efficace pour justifier d’être montrées ou partagées, malgré la confusion qui pourrait survenir suite au message de ces vidéos se concentrant sur le traitement plutôt que l’utilisation, et d’autres raisons pour les éviter, établies par le professeur Francione ? La meilleure réponse semble dépendre des circonstances.

Puisque les vidéos sur la cruauté sont essentielles aux organisations de bien-être animal et fournissent de grosses opportunités de dons, les organisations de bien-être animal continueront à générer ces vidéos et les grands récits qui accompagnent généralement la publication initiale des vidéos. Au moment où ces vidéos sont à la une, les partisans de l’abolition devraient au moins avoir une réponse à ces vidéos qui inclut, mais va plus loin que, la complainte légitime qu’elles se concentrent sur le traitement, pas sur l’utilisation. Une réponse plus efficace serait que toute utilisation commerciale est cruelle, et que quasiment toute la cruauté et l’utilisation, illégale et légale, est dispensable, et donc gratuite.

Il n’y aucune différence significative entre l’utilisation légale et la cruauté qui est requise pour traiter efficacement les unités de produits animaux par rapport à la soi-disant « cruauté gratuite » illégale qui n’est pas requise pour traiter efficacement les unités de produits animaux. Comme a correctement déclaré le professeur Francione, 99,999% de notre utilisation des nonhumains est pour notre plaisir, amusement ou pour notre confort. Aucune de ces utilisations n’est nécessaire si l’on s’en tient au sens cohérent du mot. De là, peu importe si le plaisir et/ou l’amusement est celui de la préférence du non-vegan pour les produits animaux ou la préférence de l’employé d’abattoir pour se divertir de l’ennui et de la frustration de traiter des matières premières sentientes,  tout cela est fait à titre gratuit, et la « cruauté légale » est souvent bien plus dure que la « cruauté illégale ». La différence entre le traitement légal et illégal est de savoir si oui ou non la cruauté entraine un traitement efficace. La sévérité de la cruauté est non-pertinente aux yeux de la loi, et le sera toujours aussi longtemps que les nonhumains seront des propriétés légales. [1] Et aussi longtemps que les gens ne seront pas vegan, les nonhumains seront toujours des propriétés légales.

A part répondre à ce genre de vidéos en expliquant que toute l’utilisation et la cruauté sont dispensables et devraient être abolies, pas régulées, les partisans vegan abolitionnistes devraient être prudents en partageant ou promouvoir ce genre de vidéos pendant qu’elles font la une. Si les vidéos sont exposées par les abolitionnistes alors qu’elles font la une, le message abolitionniste devrait être au premier plan et central : que l’utilisation doit être abolie, pas régulée ; que les gens doivent devenir vegan pour mettre fin à la torture et à l’utilisation injustifiée, pas choisir des produits animaux avec un vague label de bien-être. Ces vidéos attirent déjà beaucoup l’attention des spectateurs ; le problème est que le message associé est majoritairement pour l’application des lois, plus de réglementation ou plus de méthodes efficaces, pas un appel au véganisme et à l’abolition.

Pendant les périodes plus calmes où ce genre de vidéos ne sont pas dans les news, elles pourraient être efficaces pour l’impact émotionnel. Si la vidéo a un message welfariste explicite, ce genre de message pourrait annuler tout bénéfice dérivé de l’impact émotionnel, en dépit d’un défenseur fournissant un message abolitionniste contraire, et la vidéo devrait dès lors être évitée. Si la vidéo n’a pas de message welfariste explicite, et qu’un message abolitionniste fort est présenté avant et après la vidéo, l’accent de la vidéo sur le traitement pourrait être suffisamment annulé pour justifier l’option de sa présentation dans le but de l’impact émotionnel.

Finalement, les vidéos sur la cruauté sont toujours, dans le meilleur des cas, des outils optionnels pour les partisans vegan abolitionnistes pour générer un impact émotionnel. Le message abolitionniste ne dépend d’aucune façon de la manière dont les animaux sont traités ; seulement le fait qu’ils soient utilisés, et que toutes ces utilisations sont pour un plaisir, un amusement ou un divertissement dispensable. Dans le doute, il est mieux d’éviter ce genre de vidéos.
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Note:

[1] Le professeur Gary L. Francione fournit des preuves extrêmement solides dans la jurisprudence et la doctrine que les lois anti-cruauté sont basées uniquement sur l’optimisation de l’efficacité de l’exploitation animale et n’ont rien à voir, de n’importe quel sens pratique que ce soit, avec le type de sévérité de la cruauté ou aux mauvais traitements. De plus, puisque les humains ont des droits de propriété légaux dont l’objet de cette protection du droit est l’animal nonhumain (qui n’a aucun droit), les plus banals des intérêts humains surpasseront toujours les intérêts les plus cruciaux des animaux nonhumains. Notre système légal réchigne fortement à punir un minimum les titulaires de droit pour violation des intérêts même les plus cruciaux de leur propriété. Envisagez de lire 1) Animals, Property, and the Law; 2) Rain Without Thunder: The Ideology of the Animal Rights Movement; et 3) Introduction to Animal Rights: Your Child or the Dog, tous trois écrits par le professeur de droit éminent et philosophe Gary L. Francione pour des analyses détaillées et de nombreuses études sur la jurisprudence appuyant ces affirmations.


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