jeudi 29 décembre 2011

[Traduction] Est-ce que le véganisme est un choix ?

(Traduction de l'article de Rob Johnson, "Is veganism a choice?")

 

Il y a deux sortes de choix libres dans la vie:
(a)    Les choix où vous pouvez exercer vos libertés de base sans aucun aspect d’obligation dans les deux cas (comme décider si vous mangerez à l’extérieur, ou à la maison ce soir).
(b)   Les choix où vous avez autant de liberté de choisir que dans le cas (a), mais où il y a une obligation morale de ne pas opter pour l’un des choix. Donc nous avons la liberté de faire un choix, mais nous choisissons de ne pas le faire car nous verrions ça comme moralement odieux.
Beaucoup voient le véganisme comme une question de choix (a). Il n’y a aucune obligation légale pour nous dans les deux cas, et ‘l’option non-végane’ est largement disponible dans la plupart des domaines de la vie. Par conséquent, au mieux, les gens relient le véganisme à une question de préférence personnelle – un choix.
Aussi courante que soit cette pensée, c’est une erreur irrationnelle.
Pensez à n’importe quel ‘choix’ qui tombe dans la catégorie (b). Un exemple classique est le choix d’acheter oui ou non des esclaves humains. L’esclavagisme existe toujours dans beaucoup de pays dans le monde. Il est surtout répandu dans certains pays du tiers-monde – et si on devait vivre dans un de ces endroits, on aurait certainement le choix d’acheter ou non une personne servant d’esclave contre son gré (si les finances le permettent). Comme j’espère que le montre cet exemple extrême, si nous avions le choix d’acheter un enfant noir devant obéir à nos désirs frivoles, nous choisirions de ne pas le faire sur base de la décence morale de base. (b) est un ‘choix’ dans le sens lâche.
En effet, il est impossible d’estimer que cette situation soit un exemple de préférence personnelle, aussi longtemps que nous jugeons n’importe quelle action comme moralement problématique (l’idée de l’esclavagisme est on ne peut plus basique comme principe moral). Donc le choix d’acheter d’autres personnes pour les utiliser comme esclaves détient l’obligation morale implicite que nous ne devrions pas le faire, *même si* le choix de le faire était aussi libre tant en juridiction légale qu’en acceptation sociale (comme ce l’était un peu partout sur la planète il y a plusieurs dizaines d’années de cela)
Suivre la raison
Considérant que le véganisme est un choix basé sur l’éthique, pour faire un jugement éclairé déterminant si c’est une décision de type (a) ou (b), nous devons premièrement oublier cette acceptation légale et sociale de l’utilisation animale. Après tout, nous avons déjà vu que des activités acceptables peuvent être considérées comme extrêmement immorales (comme l’esclavagisme). Le changement social et légal sont des choses qui devraient (et ont toujours) découler de la moralité, pas l’inverse. Mais une fois que nous retirons l’excuse sociale et légale, qu’est-ce qui reste qui pourrait faire du véganisme un choix (a) ?
Après tout, si un animal est sentient, il est un individu qui expérimente sa propre vie. La seule justification morale pour l’enlever à son environnement naturel (sans son consentement formel, ce qu’on ne peut pas obtenir des animaux nonhumains), ou pour le tuer, ou pour l’utiliser comme ressource pour notre plaisir, était s’il y avait une raison quelconque pour différencier les humains et les autres espèces à cet effet. Mais quelle justification pourrait-il y avoir ?
Un intérêt à continuer à vivre, à ne pas être torturé, à vivre sa propre vie. La caractéristique pertinente pour demander ces intérêts est la sentience : la capacité à expérimenter votre propre vie et de ressentir ce qui vous arrive. Rien de plus, rien de moins. Et les animaux ont cette caractéristique, que nous aimions cela ou pas. Donc, justifier un désir d’utiliser les animaux comme esclaves et comme ressources, et de les tuer à la fin de leur ‘utilisation’ ne peut pas être différencié du désir de faire la même chose à tout autre individu sentient (comme les humains) si nous réfléchissons rationnellement et sans préjugés. Vu que notre principe moral le plus basique dénonce l’esclavagisme de certains individus sentients (les humains), alors nous n’avons pas vraiment de ‘choix’ si ce n’est d’étendre ce principe à toutes les races ou espèces qui sont sentientes. C’est la chose rationnelle à faire. Et les excuses racistes ou spécistes (aussi différentes qu’elles soient) n’y changent rien.
Si nous écoutons les attitudes sociétales d’aujourd’hui, ainsi que la loi sociétale, elles nous diront que nous pensons actuellement que c’est ok de faire des différences basées sur des préjugés. Mais, il y a deux cent ans, elles nous disaient la même chose – seulement à l’époque le préjugé était entre des races différentes d’humains plutôt que des espèces différentes d’animaux sentients. Nous devons rejeter cette méthode  pour juger nos actions, car nous savons qu’elle est viciée. Se concentrer sur le raisonnement cohérent, rationnel est la voie à suivre.
La légalité ne dissout pas le raisonnement cohérent
Le véganisme n’est pas un choix (a). Ca ne l’est tout simplement pas. Ce n’est pas un cas de préférence personnelle, à moins que nous nous cachions lâchement derrière une acceptation sociale ou des règles juridiques – concepts qui n’ont jamais été faits pour guider le développement de la moralité. Est-ce que cela veut dire que je vais forcer les gens à devenir vegan ? Non. Cela tient à peu près autant que l’utilisation pragmatique de brûler des abattoirs – une méthode aussi irrationnelle que les groupes qui en sont responsables, vêtus de leurs cagoules, et un désir désespéré d’être des rebelles.
Je pense, (et l’histoire est de mon côté) que les gens finiront par faire ce qui est juste. Le spécisme connaîtra le même sort que le racisme, le sexisme, comme l’homophobie devrait le connaître d’un jour à l’autre. Le préjugé est irrationnel et les humains intelligents tendent vers le rationnel. Le reste suit. Mais ce mouvement commence avec vous – la loi et la société changeront lorsque des individus formeront la fondation pour ce changement, et cela (à un niveau très simple) demande à chacun de nous de ‘choisir’ de devenir vegan et à dire aux autres personnes pourquoi nous le faisons. Loin d’être une préférence personnelle ou une opinion, c’est une obligation morale. Ne nous soustrayons pas à cette obligation. Commençons 2012 comme nous entendons continuer pour le restant de notre vie.
Rob Johnson

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